© Jean CharennatLe Grèbe huppé est par excellence un oiseau d'eau. Il y passe toute son existence à nager et à plonger. Même la reproduction s'effectue sur un nid flottant près des berges. Toute l'anatomie de cet oiseau, de la taille d'un Canard colvert, est parfaitement adaptée à ce mode de vie:le corps fuselé, le long cou mince, la queue très courte et, plus remarquables, les pattes implantées très en arrière comme les hélices à la poupe d'un navire. Ce sont en effet seules les pattes, dont les doigts sont munis de membranes, qui assurent la propulsion sur et dans l'eau.
© Didier Collin
Le positionnement des pattes très écarté du centre de gravité rend ces oiseaux quasiment inaptes à la locomotion sur terre où ils se rendent rarement. De même, ils volent peu, sinon par nécessité ; tantôt pour fuir un prédateur ( hommes, renards, sanglier ) ou le gel en hiver. -c'est à cette saison que, rejoints par leurs congénères de l'Europe du Nord, ils sont les plus nombreux dans notre région- tantôt pour rechercher un étang ou une rivière plus propices à leurs besoins alimentaires.
© J-Michel PeersLes Grèbes huppés se nourrissent de poissons, de mollusques, de crustacés, de têtards, de grenouilles et d'insectes aquatiques, ainsi que de fragments végétaux. Les plongées qui servent à capturer les poissons, sont fréquentes et durent en moyenne 25 secondes. Elles peuvent atteindre jusqu'à 50 s. Leur profondeur habituelle se situe entre 1 et 5 m.
© Philippe PulcePour plonger et progresser sous l'eau, ces oiseaux sont extrêmement rapides et agiles. En nageant sur l'eau, ils sont de plus capables de régler leur niveau d'immersion. Le corps habituellement très apparent peut s'abaisser pour ne plus laisser apparaître que le dos, voire le cou, comme un périscope.
Dans notre région, il n'y a guère de plan d'eau, y compris dans les agglomérations, où les Grèbes huppés ne soient pas présents. C'est donc une espèce commune à laquelle nous avons pris l'habitude de ne pas prêter plus d'attention qu'aux badauds dans la ville.
Il y a pourtant deux moments au printemps, où ces oiseaux au port élégant et au plumage coloré, méritent une attention particulière en raison du spectacle tour à tour étonnant et charmant qu'ils offrent.
Dès fin février lorsque les couples se forment, la tête anguleuse de ces oiseaux se garnit au sommet de deux panaches de plumes dressées et noires ainsi que de deux collerettes de plumes rousses et noires encadrant les joues blanches. Leurs têtes ressemblent alors de loin à une fleur d'iris. En même temps commencent les parades amoureuses où le couple en formation exécute un cérémonial de postures symétriques, concomitantes et rythmées comme dans un ballet nautique parfaitement réglé. Compliqué, excentrique et durable, le spectacle est fascinant. En prime, une des figures les plus étranges de ces exhibitions est le « pingouin-fantôme » lorsque l'un des individus après une plongée surgit lentement de toute sa longueur, raide et vertical, en dressant la poitrine contre la poitrine de son partenaire. Tout ce rituel est accompagné de caquètements rauques, saccadés et sonores, alors qu'en d'autres saisons, les Grèbes huppés sont plutôt silencieux.
© Roland Ripoll
Peu de semaines plus tard, après la couvaison de 25 à 29 jours, les 3 à 4 jeunes oisillons naissent et quittent rapidement le nid..... mais pour se réfugier aussitôt sous les plumes du dos de leur mère ou de leur père et offrir ainsi à l'observateur le tableau familial ravissant d'une pouponnière flottante.
© Roland Ripoll
Les jeunes sont nourris alternativement par les parents, qui après une semaine, se partagent, chacun, la moitié de la nichée sur le dos. Progressivement les oisillons se mettent à nager en suivant leurs géniteurs. Ce n'est qu'à 6 semaines qu'ils commencent à plonger et à 9 qu'ils se nourrissent eux-mêmes, se libérant ainsi de la tutelle parentale.