Busard de Maillard

Circus maillardi - Reunion Harrier

Systématique

Ordre
:
Accipitriformes
Famille
:
Accipitridés
Genre
:
Circus
Espèce
:
maillardi

Descripteur

Verreaux, J, 1862

Biométrie

Taille
: 59 cm
Envergure
: 105 à 140 cm.
Poids
:

Distribution

Description de la famille

Les Accipitridés sont une famille de rapaces diurnes présente sur tous les continents, excepté l'Antarctique. Leur taille va de petite à grande. Ils ont en commun : - un dimorphisme sexuel, le mâle étant plus petit que la femelle, - une vision binoculaire importante, permettant un repérag... lire la suite

Identification

Le Busard de Maillard a la taille et la silhouette du Busard des roseaux (Circus aeruginosus). L'espèce présente un dimorphisme sexuel de couleur et de taille, les femelles étant plus grandes et plus lourdes que les mâles. Morphologiquement, il est très proche de son cousin, le Busard de Madagascar (Circus macrosceles) mais présente une adaptation pour la chasse en milieu arboré avec des tarses plus courts et des serres plus longues, ainsi que des ailes plus courtes et rondes. Les deux espèces auraient divergé génétiquement il y a environ 760 000 ans (Simons 2000).

Chez le mâle adulte, le dessus est majoritairement noir, le dessous principalement blanc. La tête entièrement noire avec des stries blanches sur le cou noir lui aussi. Le croupion est blanc. Sur le dessus de l'aile, les secondaires sont gris cendré et les primaires noires à leur extrémité. Sur le dessous, le plumage est blanc immaculé avec une extrémité noire des ailes. La poitrine blanche est striée de brun-noir. Les primaires internes et les secondaires, à extrémité noire, sont barrées de noir de façon plus ou moins visible. La queue porte de vagues barres noires. Le bec est noir et le reste des parties nues (cire et pattes) sont jaunes ainsi que l'iris de l'œil.
Chez la femelle, la tête et le dos sont bruns, le sourcil est plus clair et le cou est strié de roux. La gorge, la poitrine et le ventre sont striés de brun et de roux. Sur le dessous des ailes, les secondaires et les primaires sont beiges et barrées de brun. Les sous-caudales sont uniformément blanches. Les rectrices sont marron et portent des stries plus claires. Les parties nues et l'iris sont comme chez le mâle.
Chez les jeunes de première année, la tête, la gorge, la poitrine, le dessus et le dessous des ailes et de la queue sont marron foncé uniforme avec une nuance rousse sur le ventre. Ils présentent une nuque, un croupion et un masque crème. La transition vers le plumage adulte s'effectue progressivement entre la deuxième et la troisième année. Des plumes blanches apparaissent dans le plumage des mâles et des stries plus claires dans celui des femelles.

Indications subspécifiques espèce monotypique

Noms étrangers

Reunion Harrier,
Aguilucho lagunero de Reunión,
tartaranhão-da-reunião,
Réunionweihe,
réunioni rétihéja,
Réunionkiekendief,
Albanella di Reunion,
réunionkärrhök,
Hvitbuksivhauk,
kaňa tmavochrbtá,
moták réunionský,
Réunionrørhøg,
reunioninsuohaukka,
arpella de l'illa de la Reunió,
błotniak malgaski,
Реюньонский болотный лунь,
レユニオンチュウヒ,
留尼汪鹞,
留尼旺鷂,

Voix chant et cris

play
pause

Les cris du Busard de Maillard sont à peu près équivalents à ceux du Busard des roseaux d'Europe. Parmi les cris remarquables, on distingue un "kai" émis par le mâle ou la femelle quand ils sont en parade, un long sifflement répété émis par les femelles et les jeunes à l'attention du mâle afin de lui solliciter de la nourriture, un caquètement régulier pour alerter de la présence d'un intrus à proximité du nid et un grincement émis à l'attention du partenaire ou d'un rival.

Habitat

Le Busard de Maillard occupe presque tous les milieux présents sur l'île de La Réunion, excepté ceux dépourvus de végétation. Il est présent du niveau de la mer aux hautes altitudes tant qu'il y a un milieu favorable et des proies pour s'alimenter. À l'origine, l'espèce est principalement forestière mais l'arrivée de l'homme sur l'île a engendré l'ouverture des milieux à laquelle l'espèce s'est adaptée. Il n'est pas rare de voir un busard survoler les milieux urbains, longer les corridors formés par la canopée des arbres et les ravines. Les couples s'installent essentiellement entre 200 et 1 200 m d'altitude dans des milieux naturels et semi-naturels arborés à végétation arbustive semi-ouverte de recolonisation. L'espèce fréquente également les zones humides de l'île telles que les principaux étangs. Il est également possible, mais plus rare, de la voir s'aventurer en sous bois.

Comportement traits de caractère

Le Busard de Maillard est une espèce semi-coloniale.
En période de reproduction, lorsque la femelle est au nid pour protéger les œufs ou les poussins, c'est le mâle qui est chargé de la chasse. Il rapporte les proies qu'il transmet en plein vol à la femelle et plus tard, aux jeunes. Cette dernière va s'alimenter sur un perchoir à proximité du nid pendant toute l'incubation afin de ne pas laisser de déchets à proximité des œufs. Elle rejoint directement le nid s'il contient des poussins avec lesquels elle partage la proie. Elle prend soin d'enlever les parties non consommables des proies (crâne, queue, peau) comme elle l'a fait pour les coquilles à l'éclosion.
D'une remarquable aisance en vol, le Busard de Maillard quadrille son territoire de chasse en rasant le sol ou les arbres à quelques mètres de hauteur. Son vol est constitué de courtes suites de battements qui alternent avec de longues glissades. Le succès de sa chasse dépend grandement de l'effet de surprise. Les proies sont pour la plupart capturées au sol ou sur un support, mais rarement en vol.
L'espèce est également habile sur ses pattes et n'hésite pas à marcher pour s'approcher d'une source de nourriture.

Vol

Le Busard de Maillard a un vol plutôt lent, mais est capable à l'occasion de piqués et ressources en suivant les thermiques.

Le mâle effectue près du nid des parades aériennes qui sont assez semblables à celles du Busard des roseaux. La parade débute haut dans le ciel, tellement que ce sont souvent les cris émis qui permettent la détection. Le vol se complexifie au fur et à mesure que l'oiseau se rapproche du sol. Il réalise alors d'étonnants vols en spirale ascendants suivis de piqués et vrilles accompagnés de cris stridents "kai kai...") qui ne sont pas très éloignés de ceux de ses proches parents, le Busard de Gould (Circus approximans) et le Busard grenouillard (Circus ranivorus). Il invite la femelle à le suivre. Cette dernière va l'imiter et les deux individus terminent leurs acrobaties en se posant sur l'aire. Ce comportement fait également office de marqueur territorial. Malgré tout, il n'est pas rare d'observer plusieurs mâles et femelles parader en même temps.

Alimentationmode et régime

Le Busard de Maillard est une espèce généraliste, opportuniste et volontiers charognarde. Son alimentation est fortement influencée par le contexte d'habitat dans lequel il évolue. Son régime alimentaire s'est probablement diversifié depuis la colonisation de l'île car la plupart des proies consommées à l'heure actuelle sont des espèces exotiques introduites qui n'étaient pas présentes sur l'île avant l'arrivée de l'homme. À présent, ce sont des espèces que l'on trouve en plus grande abondance que les espèces indigènes, ce qui les rend d'avantage disponibles pour lui.
Il s'alimente ainsi d'une grande variété de proies, vivantes ou mortes, tels que des mammifères (rats, souris, musaraignes et tenrecs), de petits oiseaux ou le contenu de leur nid, des reptiles (agames, caméléons, geckos), des grenouilles et possiblement des insectes. Il est également capable de pêcher, attrapant les poissons de surface à la manière d'un balbuzard. Le comportement charognard s'observe probablement d'avantage chez les femelles et les jeunes individus que chez les mâles adultes, plus habitués à la chasse.

Reproduction nidification

Le Busard de Maillard se reproduit presque toute l'année et de manière asynchrone. Le pic d'activité se situe entre mars et juillet avec une baisse de septembre à décembre. Le nid est fait d'un amas de branchages, de tiges et de feuilles qu'il casse parfois à l'aide de son bec ou des ses pattes ou qu'il ramasse en sous-bois. La plupart du temps, ce nid est installé "à terre" au milieu d'une végétation dense et impénétrable et porté par elle en surélévation. Il peut également être construit sur le sommet des arbres recouverts de lianes.
La ponte comprend 1 à 3 œufs. Au cours d'une année, certaines femelles sont capables d'effectuer une seconde ponte d'un œuf ou deux. L'incubation dure 33 à 36 jours. Les jeunes oisillons quittent le nid 45 à 50 jours après l'éclosion, mais ils restent encore dépendants du mâle pour la nourriture pendant plusieurs mois. Cette dépendance varie probablement selon le sexe des jeunes, les femelles s'émancipant plus tardivement que les mâles. Parmi les nichées, il est rare de voir trois oisillons atteindre l'envol. La présence d'œufs "clairs" est fréquente et la compétition alimentaire peut engendrer des actes fratricides.

Distribution

Le Busard de Maillard est endémique de l'île de La Réunion dont il est un résident permanent. L'espèce y est sédentaire. Autrefois, elle était également présente à l'île Maurice, distante d'environ 210 km des côtes réunionnaises, mais elle en a disparu. Il s'agit de l'espèce de busard ayant la plus faible répartition spatiale.

Menaces - protection

Statut de conservation IUCN

Eteint

Menacé

Préoccupation
mineure

Éteint
à l'état sauvage

Quasi
menacé

Non
évalué

EX EW CR EN VU NT LC NE

Le Busard de Maillard a été classé dans la catégorie "vermine" jusqu'en 1966. Depuis 1974, il est interdit de le chasser et de le capturer. L'espèce est définitivement protégée par arrêté ministériel du 17 février 1989. Elle est classée "En danger d'extinction" par l'IUCN du fait d'une population et d'une répartition extrêmement restreintes et d'un habitat en constante baisse et dégradation (BirdLife International, 2016). La taille de la population de Busard de Maillard est estimée entre 500 et 800 individus dont moins de 200 couples reproducteurs. Entre 1998 et 2019, l'effectif de couples nicheurs aurait chuté de moitié. L'espèce est inscrite à l'annexe II de la Convention de Washington (convention CITES relative au commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) et à l'annexe II de la Convention de Berne (relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe).
Les causes de ce déclin et les pressions sur l'espèce sont multiples. Parmi les menaces majeures identifiées, l'empoisonnement secondaire, lié à l'ingestion de rongeurs intoxiqués suite aux campagnes de traitement des cultures, est la plus impactante. Des traces d'anti-coagulant (poison) ont été retrouvées dans 93% des cadavres collectés par la Société d'Études Ornithologiques de La Réunion (SEOR) et dans 70% des individus capturés en milieu naturel et en apparente bonne santé. Les conséquences d'un empoisonnement sub-létal chronique sont mal connues mais pourrait engendrer des problèmes de fertilité. L'affaiblissement des individus exposés peut engendrer d'autres menaces telles que les collisions avec les lignes électriques, les voitures, les avions ou encore les éoliennes. La perte d'habitat favorable et la diminution de la diversité génétique sont également des facteurs de déclin pour l'espèce. Des cas de braconnages sont malheureusement encore notés. Enfin, même si elle n'a pas de prédateur naturel, la prolifération importante des chats et des chiens errants sur l'île peut présenter pour elle un réel danger.
Afin de réduire ces menaces et sauvegarder l'espèce, des stratégies de conservation ont été élaborées (Plan de Conservation 2011-2015 et Plan National d'Actions 2022-2031) et des actions de recherche et de conservation sont régulièrement mises en œuvre.

Références utilisées

Birds of Prey of Africa and its Islands, Alan and Meg Kemp
Raptors of the World, a field guide, Ferguson-Lees James et Christie David
Vol. 2 - Handbook of the Birds of the World, Josep del Hoyo-Andrew Elliot--Jordi Sargatal
Avibase, Lepage Denis
Global Raptor Information Network,
Wikipédia, Wikipedia, The Free Encyclopedia
Vol. 5 - Handbook of the Birds of the World, Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi sargatal
Société d'Etudes Ornithologiques de la Réunion ,
IOC World Bird List (v14.1), Gill, F and D Donsker (Eds). 2024-04-18.

Autres références utiles